Le coup de mou

Mathieu, au centre, au coeur d'un virage francophone.
Bon, ce niveau est à oublier côté français. J’ai beau aller de tables en tables, impossible de croiser un représentant tricolore qui gagne un coup. Dernier en date Mathieu His. J’arrive à sa table alors qu’il vient de défendre sa petite blinde face au suédois Michel Karim. Flop 5♥7♦2♠, check chez Mathieu, mise de continuation du suédois à 12k (2 BB). Call. Turn vient le 6♣, seconde mise de Michel, mais cette fois notre français le sur-relance, payé très vite. La river est une doublette, le 6♠. Mathieu décide de checker à nouveau. Pas du goût du suédois qui envoie une énorme mise à 145 000 jetons (25 BB). La mal de crâne commence pour le tricolore. Il réfléchit longtemps, on le sent très embêté, il revérifie ses cartes, et finit par payer. 2♥2♣ chez le nordique. Mathieu rend ses cartes…
Deuxième français dans le dur, Rayane Benounnane Mokhtar. Il relance avec 15 blindes (120 000), à 100 000 avec deux Dames. Payé par un joueur qui montre deux As. Le flop vient cinq-cinq-six. Et ben fold hein.
Dernier, et pas des moindres, Romain Le Dantec, qui était devant 800 000 jetons avant ce coup. Il relance UTG, payé par le Cutoff, et Tobias Peters au Bouton. Sur un flop 10♠Q♥6♣, Romain check, les deux autres joueurs dans le coup faisant de même. Turn, Q♠, pas loin d’être la plus belle pour le français qui a As-Dame en main. Il check une seconde fois pour tendre un piège à ses adversaires. Ça semble marcher quand le joueur au Cut-off mise 36 000 (6 BB), payé par Tobias. C’est trop peu pour notre champion en titre du Main Event de 2024 qui leur revient dessus à 146 000 (24 BB), dont s’acquitte uniquement le néerlandais. Mais la river ne convient pas au français, un K♦, qui l’incite à la prudence, et donc à checker. Bien lui en pris quand il entend Tobias annoncer une mise à 300 000 (50 BB). Ça c’est un parpaing qui parpinne. Après une longue réflexion Romain fold la mort dans l’âme, mais sur de son coup. « Il a toujours full ici, je le vois pas se value cut avec moins bien. Mais il fait beaucoup trop cher, j’aurai pu perdre beaucoup plus, surtout avec la taille de nos tapis. Il me tilt ce mec, je gagne jamais un coup contre lui. Après je reconnais que je tilt vite », conclut-il en retrouvant le sourire. Surtout qu’avec encore 600 000 jetons devant lui (deux fois la moyenne), rien n’est perdu. Et avec la bulle qui approche à grands pas, ce n’est pas le moment de flancher.
Paul Koessler